Un monstre pas si monstrueux!

Lecteur, ce que tu t’apprêtes à lire est l’histoire de ma vie telle que je m’en souviens. C’est un roman qui raconte une vieille histoire. Il s’agit d’une histoire plongée dans les brumes de ma mémoire, et dont certaines pages ont été effacées par les sables du temps. C’est une histoire que je m’efforcerai quand même de te transmettre dans le meilleurs des états et avec exactitude, malgré ma mémoire défaillante et sa banalité choquante. Ce récit que je m’apprête à te raconter est l’histoire de ma rentrée en sixième, une rentée qui date déjà de quelques années.

Je me revois encore, il y a quelques années. J’avais un sac noir semblable à celui que j’avais en CM2. Je portais un manteau rouge, seul vestige d’une classe de neige annulée, m’ayant causé une grande peine et ayant augmenté ma fureur contre ce virus stupide et injuste qui m’avait privé de tant de choses et qui allait me priver de tant d’autres, mais cela je ne le savais pas encore. Le petit garçon que j’étais alors, bien que puérile et immature, était sur le chemin du collège en se demandant ce qui l’attendait. Ce dont je me souviens le plus nettement c’est la manière dont le bruit croissait et augmentait au fur et à mesure que nous nous approchions de la grille du collège. Ce bruit semblait prendre tout l’espace, je me demandais quel horrible monstre pouvait émettre autant de bruit. Et soudain, après quelques pas, je les vis !

Des élèves, des dizaines d’élèves collés à leurs parents, une foule immense pour seulement un quart des habitants de ce collège ! Et devant cette foule, une bête immense, elle faisait au moins dix mètres de haut avait des dizaines d’yeux et plusieurs bouches. Affolé, je me rapprochai de mes parents et leur demandai quel était ce monstre. C’était le « collège » en personne. Ainsi, c’est à l’intérieur de cette bête que j’allais passer les quatre prochaines années ?

Peu rassuré, je me mis à scruter la foule à la recherche de mes amis. Soudain, je les vis. Martin ! Phil-Hémon ! Ils étaient là. Je lâchai la main de mes parents et me précipitai à leur rencontre, ce fut comme si le soleil radieux s’était levé sur un monde gris. Le collège ne me faisait maintenant plus si peur et je me détendis en un instant.

Mais, malheureusement, cette euphorie ne dura pas car le « principal » accompagné de sa « C.P.E. » et de ses terribles « A.E. » se préparaient à déclamer la sentence de cette année. Heureusement, nous fûmes tout les trois appelés au même moment, on nous présenta alors notre « P.P. », un homme aux cheveux grisonnants et possédant un nom imprononçable : Szydlowski ! Et oui, un nom diabolique des pays du nord.

Ce professeur nous distribua ensuite des papiers, des enveloppes, des livres, un carnet et tout un tas d’autres choses, toutes plus lourdes les unes que les autres. Il donna ensuite des dates où rendre ceci, faire signer cela… Pour finir, il nous emmena à travers le collège, le traversant en long et en large, en passant par un dédale de couloirs, d’escaliers et d’ascenseurs, passant devant sûrement plus de deux cent portes ! Si l’on en croit les plaques sur chacune d’elles. Quand enfin cette visite des lieux fut terminée et que nous pûmes enfin renter chez nous. Toute cette journée me revint en mémoire, et globalement elle ne me sembla pas si terrible.

Humant alors la bonne odeur des lasagnes de ma mère, je me mis à table et je racontai ma journée à ma mère et à mon père. Cette même histoire que je t’ai racontée Lecteur, et que j’espère tu as appréciée.

Lorsque aujourd’hui, je repense à cette journée, l’enfant peureux et tremblant que j’étais me semble bien loin de l’adolescent confiant que je suis aujourd’hui. Et c’est sûrement d’une autre manière que j’aborderai le lycée, dans moins d’une année. Mais, ceci est une autre histoire, et je te la raconterai peut-être une autre fois Lecteur. Mais pas maintenant, pas ici et sûrement pas avec le même public et le même regard.

Samuel Dhersin, 3e3

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